Internet a créé un paradigme nouveau ces 20 dernières années.
Celui de la consommation sans fin.
Le scroll, le fil d’actualité, les vidéos recommandées.
Le contenu est un océan sans fond.
Notre attention est l’or moderne.
Elle est attaquée de tous les côtés et chacun de nous ressent une certaine tension intérieure.
Nous nous sentons pris et dilué dans notre esprit et notre chair.
Quand est la dernière fois que nous avons regardé un film en entier sans ouvrir un téléphone ?
Combien de fois avons-nous préféré scroller plutôt que de reprendre un roman avant d’aller dormir ?
Un autre mouvement a suivi en parallèle.
Le corollaire de la production.
Mais depuis 2 ans, l’intelligence artificielle l’a fait passer à un autre niveau.
Avant, produire était coûteux en temps, en cognition et demandé de la créativité.
Maintenant, la capacité de production est infinie à son tour.
Chaque créateur et entrepreneur sont des demi-dieux capables de produire n’importe quoi où presque en quelques heures ou journées.
Le tout à une échelle inhumaine.
Il y a par exemple des blogs qui publient 100 articles par jour. Ou des Youtubeurs qui postent 30 vidéos chaque matin sur 5 chaînes différentes.
Que penser de tout cela ?
Personnellement, en tant qu’entrepreneur, écrivain et créateur, je suis partagé.
Je ressens fortement cette tension intérieure depuis quelque temps.
D’un côté, je souhaite profiter de ce levier.
De l’autre, je sens un vertige artificiel s’emparait de moi.
En effet, avoir la capacité de produire si vite et avec tant de volumes créent de nouveaux problèmes existentiels et psychologiques.
Si la machine peut aller 100 ou 1 000 fois plus vite qu’auparavant, ne vais-je pas aussi être tenté de courir encore plus vite malgré moi ?
La première réponse serait de dire : “non, je vais l’utiliser pour être plus productif mais aussi pour avoir plus de temps pour moi et ce qui compte le plus dans ma vie”.
Sur le papier, c’est une belle réponse et une belle posture.
Dans les faits, il me semble que notre Histoire humaine nous montre que c’est tout l’inverse qui se produit.
Augmenter la productivité n’a pas fait ralentir nos ancêtres et contemporains ces derniers siècles.
Au contraire, les rythmes de vie se sont accélérés pour la majorité.
La réponse par défaut de l’humain est donc de suivre la vitesse de la technologie (et non l’inverse).
C’est ce que je décris et ressens donc encore une fois comme un vertige artificiel.
Ce sentiment d’être capable de tout faire à des hauteurs et à une vitesse sans précédent est déstabilisant.
Je n’ai pas de réponse définitive ou de conseil à te donner pour conclure cette lettre.
La seule chose que je peux te dire, c’est que nous devons nous poser les bonnes questions quant à nos usages de l’intelligence artificielle en tant que consommateur mais aussi en tant que producteur.
Voici quelques questions que je me pose ces derniers temps et qui pourront t'aider peut-être à prendre du recul toi aussi :
- Quelle est la valeur que je souhaite apporter au-delà de ma force de travail et capacité de production ?
- Qu’est-ce que l’intelligence artificielle nous obliger et permet de faire et être en tant qu’humain ?
- Quelle est la place que je veux donner à l’intelligence artificielle dans toutes mes activités de création et de production ?
Je te laisse ouvrir ton journal et répondre à une de ces questions.
Et n'oublie pas, quand le monde te semble aller trop vite, pense à ralentir de ton côté.
Respire, sors marcher, écris dans ton journal.